GARDE-ADHÉMAR (la)



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



GARDE-ADHÉMAR (la)



GARDE-ADHÉMAR (la). - C'est une commune du canton de Pierrelatte, à 3 kilomètres de la grande route de Lyon à Marseille et à 17 sud-est de Montélimar. Sa population est de 1,154 individus. Il s'y tient une foire le 3 octobre de chaque année.
Le village, auquel les Adhémar de Monteil ont donné leur nom, est à l'extrémité sud du coteau de Montgéard. Il n'offre rien de remarquable, si ce n'est le château, qui conserve quelques restes de son ancienne magnificence.
La population est tout entière agricole. Le territoire est étendu et bien cultivé ; il forme au couchant une plaine que traverse la rivière de Berre. Les productions principales sont le vin et la soie : le vin est un des meilleurs du département. L'hiver rigoureux de 1789 y a détruit l'olivier.
De la chaîne de rochers qui entoure le quartier de Magne, au levant, jaillissent des eaux chaudes et limpides qui arrosent le petit et fertile vallon qui est au-dessous. On voit encore dans ce quartier quelques vestiges de l'antique tour magne, l'une des trois qui firent donner au pays le nom de Tricastin.
C'est la patrie d'Antoine Escalin des Aimars, baron de la Garde, connu aussi sous le nom de capitaine Antoine-Paulin. Né en 1498 d'une famille obscure, il s'éleva par son courage et ses talens, de la place de goujat au service d'une compagnie, aux premiers grades de l'armée de terre et de mer, et mourut général des galères du roi. Ce fut lui qui conclut, en qualité d'ambassadeur à Venise, le traité d'alliance offensive et défensive entre cette république et François Ier contre Charles-Quint. Le succès de cette négociation lui valut, en 1541, l'ambassade de Constantinople, dont il s'acquitta avec une habileté plus remarquable encore. Parvenu au faîte des honneurs, si bien mérités par ses nombreux services, il eut souvent à expier par des disgrâces l'obscurité de sa naissance ; mais un aussi grand homme de guerre ne pouvait être long temps négligé à cette époque féconde en querelles entre les souverains.
« Paulin, dit Papon, Histoire de Provence, tome IV, page 109, était un de ces hommes extraordinaires que la nature se plaît quelquefois à cacher dans la dernière classe des citoyens, au-dessus de laquelle ils s'élèvent ensuite, pour étonner leurs contemporains par la supériorité de leurs talens. Né de parens pauvres, dans le village de la Garde, dont il porta ensuite le nom, il vivait dans l'obscurité, lorsqu'un caporal, qui l'aperçut au milieu de plusieurs jeunes gens de son âge, fut frappé de sa physionomie. Après l'avoir bien considéré, et s'être entretenu quelque temps avec lui, il lui demanda s'il voulait prendre le parti des armes. Paulin, enflammé d'ardeur au tableau que ce caporal lui fit du service militaire, ne balança pas à le suivre, malgré les instances que son père lui fit pour le retenir. Il servit deux ans en qualité de goujat, devint arquebusier, ensuite enseigne, puis lieutenant et enfin capitaine, se distinguant dans tous ces emplois par son courage et par ses talens militaires. »

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